Pour une typologie des objets techniques web

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  • Pour arrêter de parler des “Contenus web” de manière indistincte : on a différents types d'objets techniques dans le web qui “produisent” différents “contenus web” que l'on peut distinguer selon certains critères : quels critères ? C'est l'objet de cette page.
  • Qu'est-ce qui distingue sur le plan logique, technique, ou des usages Trip Advisor et un portail de textes scientifiques ?

L'enjeu est de mieux situer le discours sur l'éditorialisation dans tel ou tel réseau ou ordre.

Si l'on reprend la typologie de Simondon quant à la situation de l'homme dans sa relation aux objets techniques1) :

  • statut de minorité : celui de l'usager
  • statut de majorité : celui de l'ingénieur, celui de l'autodidacte
  • statut médian : celui qui appréhende la genèse de l'outil : c'est cette position-là que nous voudrions acquérir dans cette caractérisation des objets techniques web.

Définition du web

C'est une communication qui s'appuie sur internet, utilisant le protocole HTTP. Ce protocole est utilisé par un moteur de rendu ou un autre système pour communiquer avec un ou plusieurs services web afin de récupérer, envoyer ou supprimer des ressources2).

Ne pas confondre web et Internet dans lequel on a aussi le mail, le peer to peer, le ftp, etc.

Les objets web sont donc les objets qui utilisent le protocole http.

Différents types de distinction

Selon…

le réseau "physique"

l'architecture réseau

  • centralisée : beaucoup de services sont parfaitement centralisés : Tous les “clients” s'adressent à un ensemble de serveurs identifiables appartenant au fournisseur. Qu'il y ait plusieurs serveurs répartis sur la planète ne change rien au caractère centralisé de ces réseaux “commerciaux”. C'est le cas du système des DOI, par exemple. Comme des Plate-formes Droz, Cléo, Cairn, etc.
  • acentré
  • distribué : le réseau clients-serveurs est a priori distribué
  • décentralisé : la plupart des “sites” industriels sont composés sur le support du “client” par le rendu d'un grand nombre de requêtes adressées à des services épars. C'est le cas de Google, etc.

Architecture REST

voir monnin2017a REST = representational state transfer https://fr.wikipedia.org/wiki/Representational_state_transfer

Il n'y a aucun objet concret dans le web mais des ressources, qui ont des états successifs dont on visualise la représentations. Une URI représente une ressource.

l'identification de l'usager

  • nominatif : IP, compte utilisateur, cookies…
  • anonyme : TOR…

le mode de fabrication

  • industriel à remplacer par Micro-services, ou Réparti
Les besoins se moulent sur l'objet qui acquiert ainsi le pouvoir de modeler une civilisation3).

Cette définition de l'outil industriel est-elle encore pertinente dans le monde logiciel sachant que ces systèmes informatiques, qu'il est difficile de continuer à appeler “logiciels” tellement ils sont “répartis”, consistent en :

  • une fonction principale bien identifiée et stable, un ordre de discours donné : résultat de recherche, posts, tweets, etc.
  • des fonctions d'adaptation : ensemble de requêtes et de rendus qui ont pour fonction d'évoluer avec les critères de comportement utilisateur qu'ils enregistrent. certaines évolutions peuvent affecter la fonction principale4).

Ces “produits”, “objets techniques” sont, contrairement aux productions d'objets industriels physiques, d'une très grande souplesse, évolutivité, dynamique. On a totalement changé de perspective.

Ce que produisent ces systèmes d'information ne sont plus des “sites” mais des “agrégats”.

Ces softs industriels, typiquement ceux de Google et autres GAFAM sont-ils alors “sujet de l'action” ou “objets de l'action” ? En tout cas le web ne se réduit pas à ceux-là alors que c'est souvent ce que l'on fait en parlant “du web” en tant que “pratiques et usages les plus communs”5).

  • artisanal = monolithique (non réparti)
systèmes ouverts d'exigences6).

Ici encore la définition de Simondon ne s'applique plus. Au contraire, dans le monde logiciel un soft artisanal est aujourd'hui beaucoup plus rigide et statique qu'un soft industriel ! Ce sont des softs très serveur-client centralisés, très monolithiques, très peu répartis. Je fabrique un soft artisanal, un certain nombre de labos de recherche aussi de la même manière que “4 gus dans un garage” ou que la première start-up venue. Il y a sans doute à ce jour plus de softs artisanaux dans le web que d'industriels (à fonder).

Dans cette sphère de production-là on peut encore parler de sites.

précision

Ces définitions, en date de mars 2016, seront certainement obsolètes à court terme. les framework de développement vont certainement permettre à court terme aux développeurs artisanaux de passer au modèle décentralisé de leurs softs et autres services. C'est un point à suivre.

question

À quel moment, selon quels critères, peut-on considérer qu'un outil web est passé de l'état artisanal à celui d'outil industriel ? Qui, depuis Simondon, a théorisé les objets techniques ? Qui a théorisé les objets informatiques ?

La licence

  • libre,
  • propriétaire (privative)/mixte = l'ensemble du système d'information est sous licence propriétaire mais exploite beaucoup de briques libres.

display d'usage

  • mobile
  • desktop PC
  • montres
  • objets connectés (dans le web il y a maintenant des frigidaires)
  • tablettes
  • etc;

les actions assurées dans le web

  1. production/diffusion de contenu : les caractéristiques du discours relèvent d'une décision éditoriale. Les outils web de production de contenu permettent souvent d'offrir et de réguler chacune de ces caractéristiques à la page près, et même à l'encart prêt. Seule la clôture finale et irréversible, même par l'éditeur, n'est pas aujourd'hui accessible techniquement.
  2. transmission de fichiers images, textes, scripts…
  3. mesures d'usage, statistiques, mesure de données X (données biologiques, taux de remplissage du frigo et Cie)
  4. fenêtres sur des outils et protocoles non web : webmail, interfaces de dépôt de fichiers en ftp…
  5. …?

Application

Est-ce que ce début de typologie peut permettre de caractériser les “contenus web” de manière un peu plus féconde ?

Par exemple Facebook :

  • réseau décentralisé : requêtes primaires et secondaires
  • nominatif,
  • logiciel industriel,
  • licence mixte
  • service propriétaire
  • production/diffusion de contenus :
    • discours premier très spécifique : “mur” de messages courts.
    • discours second fondamental
    • accès ouvert/modéré (âge requis, censure de photos ou de sujets), en écriture pour le discours premier
    • accès ouvert en écriture pour le discours second : avis, like, commentaires…
    • accès fermé/ouvert en lecture,
    • contenus non-clôturés : modification et suppression : traces publiques de l'historique des modifs,
    • contenus exclusifs/non-exclusifs.

Trip Advisor

  • réseau décentralisé : requêtes primaires et secondaires
  • nominatif,
  • logiciel industriel,
  • licence mixte
  • service propriétaire
  • production/diffusion de contenus :
    • discours premier très spécifique : annonces publicitaires
    • discours second fondamental
    • accès fermé en écriture pour le discours premier
    • accès modéré (à vérifier) en écriture pour le discours second : avis
    • accès gratuit en lecture,
    • contenus non-clôturés : les descriptions des produits peut évoluer,
    • contenus exclusifs

Intéressant : mes éléments de caractérisation ne permettent pas vraiment de distinguer Facebook et Trip Advisor ! Il manque quelque chose… Est-ce que la seule chose qui manque n'est pas dans “l'ordre du discours” ?

OpenEditionBook.org

  • réseau client-serveur,
  • centralisé,
  • nominatif,
  • logiciel artisanal,
  • libre,
  • production/diffusion de contenus :
    • discours premier très spécifique : livres/chapitres,
    • pas de discours second : avis, commentaire…
    • accès fermé en écriture,
    • accès gratuit en lecture,
    • contenus clôturés (théoriquement)
    • contenus exclusifs.

Moteur de recherche Google

  • réseau décentralisé : requêtes primaires et secondaires
  • nominatif,
  • logiciel industriel,
  • licence mixte
  • service propriétaire
  • production/diffusion de contenus :
    • discours premier très spécifique = résultats de recherche
    • pas de discours second : avis, commentaire…
    • accès fermé en écriture : c'est uniquement l'algorithme Google qui “écrit” à partir des données en ligne et des historiques et données connues sur le “chercheur”
    • accès gratuit en lecture,
    • contenus non-clôturés : les résultats d'une recherche vont changer avec le temps, d'autres recherches faites, etc. = éditorialisation par le logiciel = contenu toujours actualisé
    • contenus non exclusifs.

Conclusion préalable

L'aspect technique n'est pas ce qui différencie le plus les objets web. Il y a dans le web une relative homogénéité, des technologies pas si nombreuses et assez simples. La complexité technique qui distingue ces objets semble plus consister dans leur architecture, plus ou moins distribuée.
Sur la distinction des ordres du discours (pour ne plus parler de manière globale de “contenus web” voir ici les procédures du discours et bien sûr la question de l'éditorialisation (que personnellement je ne fais pas commencer avec le numérique mais bien avant).

1)
Simondon, G., & Simondon, N. (2012). Du mode d’existence des objets techniques (Nouv. éd. rev. et corr). Paris: Aubier. p.124
2)
David Dauvergne, développeur, Archicol
3) , 6)
Simondon, G., & Simondon, N. (2012). Du mode d’existence des objets techniques (Nouv. éd. rev. et corr). Paris: Aubier. p.28
4)
voir V-R sur la nature prescriptive du numérique et l'exemple du # dans Twitter : usage en ligne qui vient transformer le logiciel
5)
voir H. Lecrosnier, seconde séance du séminaire 2016-2017 ecritures-numeriques-et-editorialisation sur l'évolution de Twitter avec le #

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Dernière modification : le 2024/01/06 11:18